vendredi 13 avril 2012

Aseem Trivedi, un caricaturiste indien utilise l’humour pour dénoncer la corruption


Son insolence agace et son inconvenance dérange. Aseem Trivedi, bloggeur caricaturiste de 25 ans est bien connu du gouvernement indien. Ce fervent défenseur de la liberté d’expression est l’auteur du site controversé “Cartoons Against Corruption”, qui rassemble des dessins humoristiques dénonçant la corruption en Inde. 

Dans le récent rapport de Reporters sans frontières, l’Inde a rejoint en 2012 le club des pays ou le web est « sous surveillance ». Le gouvernement exerce, en effet, un contrôle sur le net disproportionné et de plus en plus répressif. Dans un pays pourtant considéré comme « la plus grande démocratie du monde », le gouvernement indien a récemment pris des mesures inquiétantes en matière de liberté d’expression sur Internet. L’organisation Reporters sans frontières a fait part de son « inquiétude face à la série de violations de la liberté de la presse », et rapporte que « le ministre indien souhaitait imposer aux filiales indiennes de Google, Facebook, Yahoo et Microsoft une politique d’autorégulation, c’est-à-dire que tous les contenus publiés sur leurs services soient désormais prévisualisés et approuvés avant publication ».

Les autorités ont déjà imposé leur censure sur des sites, notamment celui du caricaturiste anti-corruption Aseem Trivedi. Son blog, “Cartoons Against Corruption” a été suspendu le 28 décembre 2011 après une plainte déposée auprès de la Direction générale de la criminalité de Bombay. Ses dessins étant jugés « obscènes » et « insultants pour le drapeau et l’emblème indien », son hébergeur, Big Rock, n’a eu d’autres choix que de se plier à la législation indienne. Aseem est alors accusé d'avoir violé la State Emblem of India Act, qui interdit l’usage de l'emblème national sans la permission du gouvernement. Chaque violation est passible d'une amende de 5 000 roupies ou de deux années d’emprisonnement. Mais le caricaturiste décide qu’il ne stoppera pas son combat contre la corruption, et transfère ses dessins vers un nouveau site.




Sa motivation ? Exposer les réalités de la nation et envoyer à travers ses dessins raillant un message fort au peuple indien. « En supprimant l'art, on ne peut pas réprimer la corruption », a déclaré Aseem Trivedi. Si certains le blâment, d’autres le soutiennent. Sur sa page Facebook, un internaute déplore le fait que « personne ne se plaint que des contenus pornographiques soient facilement accessibles en ligne, mais quand il s'agit du gouvernement, les gens s’offusquent directement ». Aseem Trivedi ne s’avoue pas vaincu. Pour lui, le problème réside principalement dans le manque d’engagement de la population indienne : « ils ont la démocratie, la plus grande démocratie, mais ils ne sont pas assez ouverts d'esprit ou instruits. Il nous manque un peu de civilisation. Et pourtant, nous étions la première ».

 

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